Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/274

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— c’est, dans mon entourage, une curiosité haletante, des coups de téléphone anxieux, « Y étiez-vous ? Irez-vous ? Quand ? », des caquetages fébriles. Les plus grands événements de la guerre ont moins agité ces gens-là. Même la récente réoccupation des forts de Vaux et de Douaumont les a laissés beaucoup plus calmes. Je m’en étonne devant Paron, qui grince : « Parbleu ! Ce n’étaient que des reprises. Cette fois, il s’agit d’une première. »

13 novembre 1916.

Un groupement féminin a voulu prendre l’initiative d’envoyer des femmes françaises visiter nos prisonniers en Allemagne, à charge de réciprocité. Ce projet s’est tout de suite heurté à des obstacles invincibles. La censure a même interdit la publication d’un article qui s’inspirait de ce vœu. On admet que les Françaises seraient correctement reçues en Allemagne. Mais on déclare que la présence d’Allemandes en France ne serait pas tolérée. Pourtant, n’a-t-on pas convaincu chacun des deux pays qu’il a été attaqué : les haines n’y sont-elles pas également exaltées ?