Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/81

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et fille, sont à Ganville. Et puis, il est très fier de son domaine. Il y a six ans, quand il a vu ce château à vendre, au cours d’une visite aux Foucard, il l’a acheté le jour même. Au fond, il est flatté de posséder une résidence encore plus fastueuse que celle de nos solennels voisins. C’est qu’à ses yeux les Foucard représentent la famille-type, installée depuis quatre générations dans la richesse et les honneurs, dont le nom a toujours figuré dans les conseils des grandes compagnies, la noblesse industrielle qui, depuis un siècle, administre le travail des autres.

Tandis qu’il est le fils d’un petit mécanicien champenois. Il ne s’en cache pas. Volontiers, il évoque les dures et joyeuses années de sa jeunesse, où il représentait à l’étranger des firmes métallurgiques, plaçant tant bien que mal des machines dans le Sud-Amérique et l’Extrême-Orient. Il aime rappeler le hasard qui, à son retour en France, le mit en face d’un camarade de régiment, un ingénieur attaché aux sondages du bassin lorrain. « Question de veine ». On venait d’y découvrir le minerai de fer, la minette. Et ce pionnier prédisait le temps prochain où la région de Briey se couvrirait d’usines. Il prophétisait juste. Pierre, sans connaissances techniques, par son vif entregent, son sens aigu des affaires,