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22 juin 1915.

Encore de cruelles anecdotes, rapportées cet après-midi, chez les Foucard, par un député qui rentre d’une mission en Artois.

Un officier ennemi, grièvement atteint, est secouru par un des nôtres, qui l’assied au pied d’un arbre. L’Allemand porte la main à sa poche. Sans doute va-t-il sortir son revolver ? Prévenant le geste, le Français tire. Dans la poche du mort, on trouve la photographie de sa femme et de ses enfants, que le blessé voulait montrer en signe de reconnaissance.

Un autre Allemand, soigné dans les mêmes conditions, tire un coup de revolver sur son sauveur. Il le manque. Il est tué aussitôt.

Un cri m’échappe :

— Ah ! Le plus beau, ç’aurait été de le sauver tout de même !

Je pensais à ces vers qui ont bercé mon enfance, où Victor Hugo chante son père, « ce héros au sourire si doux ». Qui ne s’en souvient ? Un soir de bataille, le général Hugo rencontre un Espagnol blessé qui demande à boire.