Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/245

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marchent à la contemplation de l’infini, à l’aide de fréquents postulats qui leur permettent de prolonger des lignes à l’infini. Si l’on demande par quelle voie ce vrai ou cette espèce de vrai passe de la métaphysique dans la géométrie, cette voie n’est autre que celle où ce point nous donne un étroit accès. Car la géométrie emprunte à la métaphysique la vertu d’extension, vertu qui étant celle de l’objet étendu, le précède, et est par conséquent inétendue. De même que l’arithmétique prend dans la métaphysique la vertu du nombre, c’est-à-dire l’unité, qui, étant la vertu du nombre, n’est pas le nombre ; ainsi que l’unité qui n’est pas le nombre, engendre le nombre, de même le point, qui est inétendu, engendre l’étendue. En effet, lorsque le géomètre définit le point ce qui n’a pas de parties, ce n’est qu’une définition de mot ; il n’y a point de chose qui n’ait point de parties et qu’on puisse cependant représenter soit mentalement, soit graphiquement ; la définition de l’unité, en arithmétique, n’est pareillement que la définition d’un mot, puisqu’on suppose une unité susceptible de multiplication, ce qui ne peut convenir à une unité réelle. Mais l’école de Zénon considère cette définition du point comme très réelle, en tant que le point a son type dans ce que l’esprit humain peut penser de la vertu indivisible d’extension et de mouvement. Aussi est-ce une erreur que cette opinion vulgaire selon laquelle la géométrie tire son sujet de la matière, et, comme dit l’École, l’en abstrait. Zénon pensait qu’aucune science ne traite de la matière avec plus d’exactitude et de justesse que la géométrie, mais de cette matière que lui fournit la métaphysique, c’est-à-