Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/551

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regardé comme le père des poètes, puisqu’avant lui avaient fleuri les poètes théologiens, tels qu’Orphée, Amphion, Linus et Musée ; les chronologistes y joignent Hésiode en le plaçant trente ans avant Homère. Il fut même devancé par plusieurs poètes héroïques, au rapport de Cicéron (Brutus) ; Eusèbe les nomme dans sa Préparation évangélique ; ce sont Philamon, Théméride, Démodocus, Épiménide, Aristée, etc. — Enfin, on ne pouvait voir en lui la source des diverses philosophies de la Grèce, puisque nous avons démontré dans le livre II que les philosophes ne trouvèrent point leurs doctrines dans les fables homériques, mais qu’ils les y rattachèrent. La sagesse poétique avec ses fables fournit seulement aux philosophes l’occasion de méditer les plus hautes vérités de la métaphysique et de la morale, et leur donna en outre la facilité de les expliquer.


§ III.


On doit trouver dans les poèmes d’Homère les deux principales sources des faits relatifs au droit naturel des gens, considéré chez les Grecs.


Aux éloges que nous venons de donner à Homère, ajoutons celui d’avoir été le plus ancien historien du paganisme qui nous soit parvenu. Ses poèmes sont comme deux grands trésors où se trouvent conservées les mœurs des premiers âges de la Grèce. Mais le destin des poèmes d’Homère a été le même que celui des lois des Douze Tables. On a rapporté ces lois au législateur d’Athènes, d’où elles seraient passées à Rome, et l’on