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HISTOIRE DE FRANCE.

de Samothrace avec celui de l’Irlande. Il dit d’après Artémidore, qui écrivait cent ans avant notre ère : Ὅτι φασὶν εἶναι νῆσον πρὸς τῇ Βρεττανικῇ, καθ’ ἣν ὁμοία τοῖς ἐν Ξαμοθράκῇ περὶ τὴν Δήμηθραν καὶ τὴν Κόρην ἱεροποιεῖται. (Ed. Casaubon, IV, p. 137.) On cite encore un passage de Denys le Periegète, mais plus vague et peu concluant (V. 365).

« Celui en qui ce système trouve son unité, c’est Samhan le mauvais esprit (Satan), l’image du soleil (littéralement Samhan), le juge des âmes, qui les punit en les renvoyant sur la terre ou en les envoyant en enfer. Il est le maître de la mort (Bal-Sab). C’était la veille du 1er novembre qu’il jugeait les âmes de ceux qui étaient morts dans l’année : ce jour s’appelle encore aujourd’hui la nuit de Samhan (Beaufort et Vallancey, Collectanea de rebus hibernicis (t. IV, p. 83). — C’est le Cadmilos ou Kasmilos de Samothrace, ou le Camillus des Étrusques, le serviteur (coismaol, cadmaol, signifie en irlandais serviteur). Samhan est donc le centre d’association des Cabires (sam, sum, cum, indiquent l’union en une foule de langues). On lit dans un ancien Glossaire irlandais : « Samhandraoic, eadhon Cabur, la magie de Samhan, c’est-à-dire Cabur, » et il ajoute pour explication : « Association mutuelle. » Cabur, associé ; comme en hébreu, Chaberim ; les Consentes étrusques (de même encore Kibir, Kbir signifie Diable dans le dialecte maltais, débris de la langue punique. Creuzer, Symbolique, II, 286-8). Le système cabirique irlandais trouvait encore un symbole dans l’harmonie des révolutions célestes. Les astres étaient appelés Cabara. Selon Bullet, les Basques appelaient les sept planètes Capirioa (?) Le nom des constellations signifiait en même temps intelligence et musique, mélodie. Rimmin, rinmin, avaient le sens de soleil, lune, étoiles ; rimham veut dire compter ; rimh, nombre (en grec, ῥυθμός ; en français, rime, etc.).

« Il semble que la hiérarchie des druides eux-mêmes composait une véritable association cabirique, image de leur système religieux.

« Le chef des druides était appelé Coibhi[1]. Ce nom, qui s’est

  1. Bed. Hist. Eccl., II, c. xiii. Cui primus pontificum ipsius Coifi continuo respondit » (premier prêtre d’Edwin, roi de Northumbrie, converti par Paulinus au commencement du viie siècle) Macpherson. Dissert. » on the celt. antiq.Coibhi-draoi, druide-coibhi, est une expression usitée