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HISTOIRE DE FRANCE.

temps persécutés, sortirent de leurs retraites et se montrèrent au peuple. Ils avaient ouï dire que le Capitole avait été brûlé dans la guerre civile. Ils proclamèrent que l’empire romain avait péri avec ce gage d’éternité, que l’empire des Gaules allait lui succéder[1].

Telle était pourtant la force du lien qui unissait ces peuples à Rome, que l’ennemi des Romains crut plus sûr d’attaquer d’abord les troupes de Vitellius au nom de Vespasien. Le chef des Gaulois, Julius Sabinus, se disait fils du conquérant des Gaules, et se faisait appeler César. Aussi ne fallut-il pas même une armée romaine pour détruire ce parti inconséquent ; il suffit des Gaulois restés fidèles. La vieille jalousie des Séquanes se réveilla contre les Édues. Ils défirent Sabinus. On sait le dévouement de sa femme, la vertueuse Éponine. Elle s’enferma avec lui dans le souterrain où il s’était réfugié ; ils y eurent, ils y élevèrent des enfants. Au bout de dix ans, ils furent enfin découverts ; elle se présenta devant l’empereur Vespasien, entourée de cette famille infortunée qui voyait le jour pour la première fois. La cruelle politique de l’empereur fut inexorable.

La guerre fut plus sérieuse dans la Belgique et la Batavie. Toutefois, la Belgique se soumit encore ; la Batavie résista dans ses marais. Le général romain Céréalis, deux fois surpris, deux fois vainqueur, finit la guerre en gagnant Velléda et Civilis. Celui-ci pré-

  1. Tacit. Hist., l. IV, c. 51. Fatali nunc igne signum cœlestis iræ datum, et possessionem rerum humanarum transalpinis gentibus portendi, superstitione vanâ Druidæ canebant.