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RÉCAPITULATION. — SYSTÈMES DIVERS.

La base originaire, celle qui a tout reçu, tout accepté, c’est cette jeune, molle et mobile race des Gaëls, bruyante, sensuelle et légère, prompte à apprendre, prompte à dédaigner, avide de choses nouvelles. Voilà l’élément primitif, l’élément perfectible.

Il faut à de tels enfants des précepteurs sévères. Ils en recevront et du Midi et du Nord. La mobilité sera fixée, la mollesse durcie et fortifiée ; il faut que la raison s’ajoute à l’instinct, à l’élan la réflexion.

Au Midi apparaissent les Ibères de Ligurie et des Pyrénées, avec la dureté et la ruse de l’esprit montagnard, puis les colonies phéniciennes ; longtemps après viendront les Sarrazins. Le midi de la France prend de bonne heure le génie mercantile des nations sémitiques. Les juifs du moyen âge s’y sont trouvés comme chez eux[1]. Les doctrines orientales y ont pris pied sans peine, à l’époque des Albigeois.

Du Nord, descendent de bonne heure les opiniâtres Kymrys, ancêtres de nos Bretons et des Gallois d’Angleterre. Ceux-ci ne veulent point passer en vain sur la terre, il leur faut des monuments ; ils dressent les aiguilles de Loc maria ker, et les alignements de Carnac ; rudes et muettes pierres, impuissants essais de tradition que la postérité n’entendra pas. Leur druidisme parle de l’immortalité ; mais il ne peut pas même fonder l’ordre dans la vie présente ; il aura seulement décelé le germe moral qui est en l’homme bar-

  1. Ils y ont été souvent maltraités, il est vrai, mais bien moins qu’ailleurs. Ils ont eu des écoles à Montpellier et dans plusieurs autres villes du Languedoc et de Provence.