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ÉCLAIRCISSEMENTS.

Aujourd’hui le brun est la couleur dominante chez les montagnards. Il ne faut pas croire que les hommes distingués soient d’origine gothique et les autres Celtes. La diversité de nourriture explique la différence, comme on le voit dans les animaux transportés dans de plus riches pâturages (par exemple de Bretagne en Normandie).

Le climat et les habitudes changent les races ; Camper remarque que déjà les Anglo-Américains ont la face longue et étroite, l’œil serré. West ajoute qu’ils ont le teint moins fleuri que les Anglais. L’œil devient sombre dans le voisinage des mines de charbon et partout où l’on en brûle (?).

César attribue aux Belges une origine germanique : « Plerosque a Germanis ortos. » Mais Strabon dit qu’ils parlaient la langue des Gaulois : « Μιϰρὸν ἒξαλλατοῦντας τη γλωσση… » La chronique saxonne parle d’Hengist qui « engagea les Welsh de Kent et Sussex. » Ces Welsh étaient des Belges selon Pinkerton. Les noms des villes belges, en Angleterre, sont bretons.

On ne trouve pas en Angleterre de traces de sang danois. — Les Normands conquérants étaient un peuple mêlé de Gaulois, Francs, Bretons, Flamands, Scandinaves, etc. Les hommes du Nord n’avaient pu exterminer les habitants de la Normandie, ni même diminuer de beaucoup leur nombre, puisque en cent soixante ans ils perdirent leur langue Scandinave pour adopter celle des vaincus. Il serait ridicule de chercher les traces en Angleterre d’une population aussi mêlée que l’armée de Guillaume. Il paraît que dès lors les cheveux roux étaient rares, puisque c’était l’objet d’un surnom, Guillaume le Roux[1].

Vers York et Lancastre, où l’influence des habitudes manufacturières ne se fait pas sentir, les Anglais sont plus grands, mais plus lourds que dans le sud ; l’œil bleu prévaut dans le comté de Lancastre. Les hommes du Cumberland (ce sont des Cymrys, qui ont perdu leur langue plus tôt que ceux de Cornouailles) n’ont rien qui les distingue des Anglais du Midi.

Entre l’Écossais et l’Anglais, il y a une différence indéfinissable ; les traits durs et la proéminence des os des joues ne sont pas particuliers à l’Écosse. Les montagnards sont rarement

  1. On voit, dans le moine de Saint-Gall, un pauvre qui a honte d’être roux : « Pauperculo valde rufo, gallicula sua quia pileum non habet, et de colore suo nimium erubuit, caput induto… » Lib. I. ap. Scr. Fr., V.