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HISTOIRE DE FRANCE.

Les bardes, bien qu’attachés à la personne des chefs, étaient eux-mêmes fort respectés. Sir Richard Cristeed, qui fut chargé par Richard II d’initier les quatre rois d’Irlande aux mœurs anglaises, rapporte qu’ils refusèrent de manger parce qu’ils avaient mis leurs bardes et principaux serviteurs à une table au-dessous de la leur (Logan, 138). Le joueur de cornemuse, comme celui de harpe, occupait cette charge par droit héréditaire dans la maison du chef ; il avait des terres et un serviteur qui portait son instrument.

Le fameux joueur de cornemuse irlandais des derniers temps, Maedonal, avait serviteurs, chevaux, etc. Un grand seigneurie fait venir un jour pour jouer pendant le dîner. On lui place une table et une chaise dans l’antichambre avec une bouteille de vin et un domestique derrière sa chaise ; la porte de la salle était ouverte. Il s’y présente, et dit en buvant : « À votre santé et à celle de votre compagnie, monsieur… » Puis, jetant de l’argent sur la table, il dit au laquais : « Il y a deux schellings pour la bouteille et six pence pour toi, mon garçon. » Et il remonta à cheval (Ibid., 267-279). — La dernière école bardique d’Irlande, Filean school, se tint à Tipperary, sous Charles Ier (Ibid., 247). — L’un des derniers bardes accompagnait Montrose, et pendant sa victoire d’Inverlochy il contemplait la bataille du haut du château de ce nom. Montrose lui reprochant de ne pas y avoir pris part : « Si j’avais combattu, qui vous aurait chanté ? » (Ibid., 215). — La cornemuse du clan Chattan, que Walter Scott mentionne comme étant tombée des nuages pendant une bataille en 1396, fut empruntée par un clan vaincu, qui espérait en recevoir l’inspiration du courage, et qui ne l’a rendue qu’en 1822 (Ibid., 298). — En 1745, un joueur de cornemuse csomposa, pendant la bataille de Falkirk, un piobrach qui est resté célèbre. — À la bataille de Waterloo, un joueur de cornemuse, qui préparait un bel air, reçoit une balle dans son instrument ; il le foule aux pieds, tire sa claymore, et se jette au milieu de l’ennemi où il se fait tuer ( ? Ibid, 273-276). blanc (Logan, II, 268).