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MONDE GERMANIQUE.

Dans cet affaissement de l’empire d’Occident, qui se livrait lui-même aux barbares, les vieilles populations celtiques, les indigènes de la Gaule et de la Bretagne se relevèrent et se donnèrent des chefs. Maxime, espagnol comme Théodose, fut élevé à l’empire par les légions de Bretagne (an 383). Il passa à Saint-Malo avec une multitude d’insulaires, et défit les troupes de Gratien. Celui-ci et son franc Mellobaud furent mis à mort. Les auxiliaires Bretons furent établis dans notre Armorique sous leur conan ou chef, Mériadec, ou plutôt Murdoch, qu’on désigne comme premier comte de Bretagne[1]. L’Espagne se soumit volontiers à l’espagnol

    c. xxxv : « Eugenium tyrannum creare ausus est, legitque hominem, cui titulum imperatoris imponeret, ipse acturus imperium. » Prosper. Aquitan., ann. 394. Marcellin. Chron. ap. Scr. Fr. I, 640. — Claudien (IV Consul. Honor. v. 74) dit dédaigneusement :

    Hunc sibi Germanus famulum delegerat exul.

  1. Triades de l’île de Bretagne, trad. par Probert, p. 381. « La troisième expédition combinée fut conduite hors de cette île par Ellen, puissant dans les combats, et Cynan, son frère, seigneur de Meiriadog, en l’Armorique, où ils obtinrent terres, pouvoir et souveraineté de l’empereur Maxime, pour le soutenir contre les Romains… et aucun d’eux ne revint, mais ils restèrent là et dans Ystre Gyvaelwg, où ils formèrent une communauté. » — En 462, on voit au concile de Tours un évêque des Bretons. — En 468, Anthemius appelle de la Bretagne et établit à Bourges douze mille Bretons. Jornandes, de Reb. Geticis, c. xlv. — Suivant Turner (Hist. of the Anglo-Sax., p. 282), les Bretons ne s’établirent dans l’Armorique qu’en 532, comme le dit la Chronique du Mont-Saint Michel. — Au reste, il y eut sans doute de toute antiquité, entre la Grande-Bretagne et l’Armorique, un flux et reflux continuel d’émigrations, motivé par le commerce et surtout par la religion (V. César). On ne peut disputer que sur l’époque d’une colonisation conquérante. (Voyez l’Éclaircissement à la fin de ce chapitre.)