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MONDE GERMANIQUE.

jours imminentes. Elles détruisaient : 1° toute correspondance régulière, habituelle, facile entre diverses parties du territoire ; 2° toute sécurité, toute perspective d’avenir : elles brisaient les liens qui unissent entre eux les habitants d’un même pays, les moments d’une même vie ; elles isolaient les hommes, et pour chaque homme, les journées. En beaucoup de lieux, pendant beaucoup d’années, l’aspect du pays put rester le même ; mais l’organisation sociale était attaquée, les membres ne tenaient plus les uns aux autres, les muscles ne jouaient plus, le sang ne circulait plus librement ni sûrement dans les veines ; le mal éclatait tantôt sur un point, tantôt sur l’autre : une ville était pillée, un chemin rendu impraticable, un pont rompu ; telle ou telle communication cessait, la culture des terres devenait impossible dans tel ou tel district : en un mot, l’harmonie organique, l’activité générale du corps social étaient chaque jour entravées, troublées ; chaque jour la dissolution et la paralysie faisaient quelque nouveau progrès.

« Tous ces liens par lesquels Rome était parvenue, après tant d’efforts, à unir entre elles les diverses parties du monde, ce grand système d’administration, d’impôts, de recrutement, de travaux publics, de routes, ne put se maintenir. Il n’en resta que ce qui pouvait subsister isolément, localement, c’est-à-dire les débris du régime municipal. Les habitants se renfermèrent dans les villes ; Là ils continuèrent à se régir à peu près comme ils l’avaient fait jadis, avec les mêmes droits, par les mêmes institutions. Mille circonstances prouvent cette concentration de la société