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HISTOIRE DE FRANCE.

message, et en même temps émue d’une grande colère en voyant cette épée nue et ces ciseaux, elle se laissa transporter par son indignation, et ne sachant, dans sa douleur, ce qu’elle disait, elle répondit imprudemment : « Si on ne les élève pas sur le trône, j’aime mieux les voir morts que tondus. » Mais Arcadius, s’inquiétant peu de sa douleur, et ne cherchant pas à pénétrer ce qu’elle penserait ensuite plus réellement, revint en diligence près de ceux qui l’avaient envoyé, et leur dit : « Vous pouvez continuer avec l’approbation de la reine ce que vous avez commencé, car elle veut que vous accomplissiez votre projet. » Aussitôt Clotaire, prenant par le bras l’aîné des enfants, le jeta à terre, et, lui enfonçant son couteau dans l’aisselle, le tua cruellement. À ses cris, son frère se prosterne aux pieds de Childebert, et lui saisissant les genoux, lui disait avec larmes : « Secours-moi, mon très-bon père, afin que je ne meure pas comme mon frère. » Alors Childebert, le visage couvert de larmes, dit à Clotaire : « Je te prie, mon très-cher frère, aie la générosité de m’accorder sa vie ; et si tu ne veux pas le tuer, je te donnerai pour le racheter ce que tu voudras. » Mais Clotaire, après l’avoir accablé d’injures, lui dit : « Repousse-le loin de toi, ou tu mourras certainement à sa place. C’est toi qui m’as excité à cette chose, et tu es si prompt à reprendre ta foi ! » Childebert, à ces paroles, repoussa l’enfant et le jeta à Clotaire, qui, le recevant, lui enfonça son couteau dans le côté, et le tua comme il avait fait de son frère. Ils tuèrent ensuite les serviteurs et les nourriciers ; et après qu’ils furent morts, Clotaire, montant à cheval.