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MONDE GERMANIQUE.

guerre même, et souvent avec éclat. Ainsi, tandis que le roi d’Ostrasie est battu par les Avares, et se laisse prendre par eux, le Romain Mummole, général du roi de Bourgogne, bat les Saxons et les Lombards, les force d’acheter leur retour d’Italie en Allemagne, et de payer tout ce qu’ils prennent sur la route[1].

L’origine de ces ministres gaulois des rois francs était souvent très-basse. Rien ne les fait mieux con-

  1. Lorsque les Saxons rentrèrent dans leur pays, ils trouvèrent la place prise : « Au temps du passage d’Alboin en Italie, Clotaire et Sigebert avaient placé, dans le lieu qu’il quittait, des Suèves et d’autres nations ; ceux qui avaient accompagné Alboin, étant revenus du temps de Sigebert, s’élevèrent contre eux et voulurent les chasser et les faire disparaître du pays ; mais eux leur offrirent la troisième partie des terres, disant : Nous pouvons vivre ensemble sans nous combattre. » Les autres, irrités parce qu’ils avaient auparavant possédé ce pays, ne voulaient aucunement entendre à la paix. Les Suèves leur offrirent alors la moitié des terres, puis les deux tiers, ne gardant pour eux que la troisième partie. Les autres le refusant, les Suèves leur offrirent toutes les terres et tous les troupeaux, pourvu seulement qu’ils renonçassent à combattre ; mais ils n’y consentirent pas, et demandèrent le combat. Avant de le livrer, ils traitèrent entre eux du partage des femmes des Suèves, et de celle qu’aurait chacun après la défaite de leurs ennemis qu’ils regardaient déjà comme morts ; mais la miséricorde de Dieu, qui agit selon sa justice, les obligea de tourner ailleurs leurs pensées ; le combat ayant été livré, sur vingt-six mille Saxons, vingt mille furent tués, et des Suèves, qui étaient six mille quatre cents, quatre-vingts seulement furent abattus, et les autres obtinrent la victoire. Ceux des Saxons qui étaient demeurés après la défaite jurèrent, avec des imprécations, de ne se couper ni la barbe ni les cheveux jusqu’à ce qu’ils se fussent vengés de leurs ennemis ; mais ayant recommencé le combat, ils éprouvèrent encore une plus grande défaite, et ce fut ainsi que la guerre cessa. » Greg. Tur., l. V, c. xv. V. aussi Paul Diacre, De Gestis Langobardorum, ap. Muratori, I.