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MONDE GERMANIQUE.

main ; mais ses troupes furent battues par le vaillant Mummolus, dont les succès sur les Saxons et les Lombards avaient déjà protégé le royaume de Gontran. D’autre part, les hommes libres d’Ostrasie, soulevés contre les grands, peut-être à l’instigation de Brunehaut, les accusaient de trahir le jeune roi. Il semble en effet qu’à cette époque, les grands d’Ostrasie et de Bourgogne se soient secrètement entendus pour se délivrer des rois Mérovingiens.

Dans la Neustrie, au contraire, le pouvoir royal paraît se fortifier. Moins belliqueuse que le royaume d’Ostrasie, moins riche que celui de Bourgogne, la Neustrie ne pouvait subsister qu’autant que les vaincus y reprendraient place à côté des vainqueurs. Aussi voyons-nous Chilpéric employer des milices gauloises contre les Bretons[1]. Il semblerait que, malgré sa férocité naturelle, Chilpéric eût essayé de se concilier les vaincus d’une manière plus directe encore. Dans une guerre contre Gontran, il tua un des siens qui n’arrêtait point le pillage. En même temps il bâtissait des cirques à Soissons et à Paris, il donnait des spectacles à l’exemple de ceux des Romains. Lui-même il faisait des vers en langue latine[2], surtout des hymnes et des prières. Il

  1. Grégoire de Tours.
  2. Greg. Tur., liv. VII, cxlv. — « Sed versiculi illi, dit Grégoire de Tours, nulli penitus metricæ conveniunt rationi. » Liv. V, c. xlv. — Cependant la tradition lui attribue l’épitaphe suivante sur saint Germain-des-Prés :
    Ecclesiæ speculum, patriæ vigor, ara reorum.
    Et pater, et medicus, pastor amorque gregis,
    Germanus virtute, fide, corde, ore beatus ;
    Carne tenet tumulum, mentis honore polum.