Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
MONDE GERMANIQUE.

publiquement et qu’il parle. Pour toi, très-pieux roi, remets le tout au jugement de Dieu ; qu’il décide, lorsqu’il nous aura vu combattre en champ clos. » À ces paroles, comme tout le monde gardait le silence, le roi dit : « Cette affaire doit exciter tous les guerriers à repousser de nos frontières un étranger dont le père a tourné la meule, et, pour dire vrai, son père a manié la carde et peigné la laine. » Et, quoiqu’il se puisse bien faire qu’un homme ait à la fois ces deux métiers, un des députés répondit à ce reproche du roi : « Tu prétends donc que cet homme a eu deux pères, un cardeur et un meunier ? Cesse, ô roi, de parler si mal ; car on n’a point ouï dire qu’un seul homme, si ce n’est en matière spirituelle, puisse avoir deux pères. » Comme ces paroles excitaient le rire d’un grand nombre, un autre député dit : « Nous te disons adieu, ô roi, puisque tu ne veux pas rendre les cités de ton neveu, nous savons que la hache est entière qui a tranché la tête à tes frères ; elle te fera bientôt sauter la cervelle ; » et ils se retirèrent ainsi avec scandale. À ces mots le roi, enflammé de colère, ordonna qu’on leur jetât à la tête pendant qu’ils se retiraient, du fumier de cheval, des herbes pourries, de la paille, du foin pourri et la boue puante de la ville. Couverts d’ordures, les députés se retirèrent, non sans essuyer un grand nombre d’injures et d’outrages.

Cette réponse de Gontran réunit les Ostrasieus aux Aquitains en faveur de Gondovald. Les grands du Midi l’accueillirent[1], et sous leur conduite, il fit de ra-

  1. « Comme Gondovald cherchait de tous côtés des secours,