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MONDE GERMANIQUE.

de sa défaite récente. En Bourgogne même, le parti romain et ecclésiastique n’était plus pour Brunehaut, Pour être sûr de ce parti, il fallait avoir pour soi les ecclésiastiques, les gagner à tout prix, et régner avec eux. Brunehaut les mit contre elle en faisant assassiner saint Didier, évêque de Vienne, qui avait voulu ramener Theuderic à sa femme légitime, et éloigner de lui les maîtresses dont sa grand’mère l’entourait. L’Irlandais saint Colomban, le restaurateur de la vie monastique, ce missionnaire hardi qui réformait les rois comme les peuples, parla à Theuderic avec la même liberté, et refusa de bénir ses fils : « Ce sont, dit-il, les fils de l’incontinence et du crime. » Chassé de Luxeuil et de l’Ostrasie, il se réfugia chez Clotaire II, et sembla légitimer la cause de la Neustrie par sa présence sacrée.

Tout abandonna Brunehaut. Les grands d’Ostrasie la haïssaient, comme appartenant aux Goths, aux Romains (ces deux mots étaient presque synonymes) ; les prêtres et le peuple avaient en horreur la persécutrice des saints[1]. Jusque-là ennemie de l’influence germanique, elle fut obligée de s’appuyer contre Clotaire du secours des Germains, des barbares. Déjà l’évêque de Metz, Arnolph et son frère Pépin (Pipin), passèrent à Clotaire avant la bataille ; les autres se firent battre, et furent mollement poursuivis par Clotaire. Ils étaient gagnés d’avance. Le maire Warnachaire avait stipulé qu’il conserverait cette charge pendant sa vie. La vieille Brunehaut, fille, sœur,

  1. Moine de Saint-Gall.