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MONDE GERMANIQUE.

haut. Ce missionnaire ardent et impétueux rattacha un instant la Gaule aux principes de l’Église irlandaise.

La chute des enfants de Sigebert et de Brunehaut, la réunion de l’Ostrasie à la Neustrie, était une occasion favorable. Dans la Neustrie, dans tout le midi des Gaules, les traces de l’invasion disparaissant, les Germains s’étaient comme fondus dans la population gauloise et romaine. Les races antiques reprenaient force, la Neustrie avait repoussé l’Ostrasie sous Frédégonde, et se l’était réunie sous Clotaire. Ce prince et son fils Dagobert, moins Francs que Romains, devaient être favorables aux progrès de l’Église celtique, dont les mœurs et les lumières faisaient honte au caractère barbare qu’avait pris celle des Gaules.

Saint Colomban avait passé d’abord en Gaule avec douze compagnons. Une foule d’autres semblent les avoir suivis pour peupler les nombreux monastères que fondèrent ces premiers apôtres. Pour saint Colomban, nous l’avons vu d’abord s’établir dans les plus profondes solitudes des Vosges, sur les ruines d’un temple païen, circonstance que son biographe remarque dans toutes les fondations du saint. Là, il reçut bientôt les enfants de tous les grands de cette partie de la Gaule. Mais la jalousie des évêques vint l’y troubler. La singularité des rites irlandais prêtait à leurs attaques[1]. La liberté avec laquelle il parla à

    son nom avec les mots jona, barjona, qui signifient colombe dans les livres saints.

  1. Nous avons son éloquente réponse à un concile assemblé contre lui. — Biblioth. max Patrum, III, Epist. 2, ad Patres cujusdam