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MONDE GERMANIQUE.

ostrasionne, recueillir dans l’Allemagne cette moisson que l’Irlande n’a pu, ou n’a pas voulu cueillir[1].

L’impuissance de l’Église celtique, son défaut d’unité, se retrouve dans la monarchie qui à cette époque dominait nominalement toute la Gaule. La dissolution définitive semble commencer avec la mort de Dagobert. Sous lui, il est probable que l’influence ecclésiastique fut supérieure à celle des grands. Les prêtres, dont nous le voyons entouré, doivent avoir suivi les traditions de l’ancien gouvernement neustrien dans sa lutte contre l’Ostrasie, c’est-à-dire contre le pays des barbares et de l’aristocratie. Lorsque le fameux maire du palais Ébroin envoya demander conseil à l’évêque de Rouen, saint Ouen, le vieux ministre de Dagobert, répondit sans hésiter : « De Frédegonde te souvienne ! »

Les grands manquèrent d’abord leur coup en Ostrasie, sous Sigebert III, fils de Dagobert. Pépin avait été maire, puis son fils Grimoald, et celui-ci, à la mort de Sigebert, avait essayé de faire roi un de ses propres enfants. Il était secondé par Dido, évêque de Poitiers, oncle du fameux saint Léger. L’oncle et le neveu étaient les chefs des grands dans le Midi. Le vrai roi n’avait que trois ans. On se débarrassa sans peine de

  1. Les Bollandistes disent très-bien qu’il y a entre la règle de saint Colomban et celle de saint Benoît la même différence qu’entre les règles des franciscains et des dominicains. C’est l’opposition de la loi et de la grâce. L’ordre de Saint-Benoît devait prévaloir : 1° sur le rationalisme des pélagiens ; 2° sur le mysticisme de saint Colomban.