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ÉCLAIRESSIMENTS.

nombre était de soixante-un mille. Ils marchèrent avec leur oncle Caswallawn, après les Césariens, vers le pays des Gaulois de l’Armorique, qui descendaient de la première race des Cambriens. Et aucun d’eux, aucun de leurs fils ne retourna dans cette île, car ils se fixèrent dans la Gascogne parmi les Césariens, où ils sont à présent ; c’était pour se venger de cette expédition que les Césariens vinrent la première fois dans cette île.

La troisième expédition combinée fut conduite hors de cette île par Ellen, puissant dans les combats, et Gynan son frère, seigneur de Meiriadog en Armorique, où ils obtinrent terres, pouvoir et souveraineté de l’empereur Maxime, pour le soutenir contre les Romains… Et aucun d’eux ne revint ; mais ils restèrent là et dans Ystre Gyvaelwg, où ils formèrent une communauté. Par suite de cette expédition, les hommes armés de la tribu des Cambriens diminuèrent tellement, que les Pictes irlandais les envahirent. Voilà pourquoi Vortigern fut forcé d’appeler les Saxons pour repousser cette invasion. Les Saxons, voyant la faiblesse des Cambriens, tournèrent leurs armes perfidement contre eux, et, s’alliant aux Pictes irlandais et à d’autres traîtres, ils prirent possession du pays des Cambriens ainsi que de leurs privilèges et de leur couronne. Ces trois expéditions combinées sont nommées les trois grandes présomptions de la tribu des Cambriens, et aussi les trois Armées d’argent, parce qu’elles emportèrent de l’île tout l’or et l’argent qu’elles purent obtenir par la fraude, par l’artifice et par l’injustice, outre ce qu’elles acquirent par droit et par consentement. Elles furent aussi nommées les trois Armements irréfléchis, vu qu’elles affaiblirent l’île au point de donner occasion aux trois grandes invasions, savoir : l’invasion des Coraniens, celle des Césariens et celle des Saxons.

Voici les trois perfides rencontres qui eurent lieu dans l’île de Bretagne. — La première fut celle de Mandubratius, le fils de Lludd, et de ceux qui trahirent avec lui. Il fixa aux Romains une place sur l’étroite extrémité verte pour y aborder ; rien de plus. Il n’en fallut pas davantage aux Romains pour gagner toute l’île. La seconde fut celle des Cambriens nobles et des Saxons… sur la plaine de Salisbury, où fut tramé le complot des Longs-Couteaux, par la trahison de Vortigern ; car c’est par son conseil qu’à l’aide des Saxons presque tous les notables des Cambriens furent massacrés. La troisième fut l’entrevue de Medrawd et d’Iddawg Corn Prydain avec leurs hommes à Nanhwynain, où ils conspirèrent