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HISTOIRE DE FRANCE.

des sièges, seraient restés à jamais devant cette place, si les habitants chrétiens n’eussent fini par faire main basse sur les Sarrasins, et ouvrir eux-mêmes leurs portes. Pépin jura de respecter les lois et franchises du pays.

Alors il recommença avec avantage la guerre contre les Aquitains, qu’il pouvait désormais tourner du côté de l’Est. « Après que le pays se fut reposé de guerres pendant deux ans, le roi Pépin envoya des députés à Guaifer, prince d’Aquitaine, pour lui demander de rendre aux églises de son royaume les biens qu’elles possédaient en Aquitaine. Il voulait que ces églises jouissent de leurs terres, avec toutes les immunités qui leur étaient jadis assurées ; que ce prince lui payât, selon la loi, le prix de la vie de certains Goths qu’il avait tués contre toute justice ; enfin, qu’il remît en son pouvoir ceux des hommes de Pépin qui s’étaient enfuis du royaume des Francs dans l’Aquitaine. Guaifer repoussa avec dédain toutes ces demandes[1]. »

La guerre fut lente, sanglante, destructive. Plusieurs fois les Aquitains et Basques, dans des courses hardies, pénétrèrent jusqu’à Autun, jusqu’à Châlons. Mais les Francs mieux organisés et s’avançant par grandes masses, firent bien plus de mal à leurs ennemis. Ils brûlèrent tout le Berry, arbres et maisons, et cela plus d’une fois. Puis, s’enfonçant dans l’Auver-

  1. Le continuateur de Frédégaire.

    Voy. aussi Eginhard, Annal., ibid., 199 : « Cum res quæ ad ecclesias… pertinebant, reddere noluisset. Spondet se ecclesiis sua jura redditurum, etc. »