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HISTOIRE DE FRANCE.

rent bientôt et ravagèrent la Hesse. On aurait tort si, d’après ce fait et tant d’autres du même genre, on accusait les Saxons de perfidie. Indépendamment de la mobilité d’esprit propre aux barbares, ceux qui cédaient devaient être généralement la population attachée au sol par sa faiblesse, les femmes, les vieillards. Les jeunes, réfugiés dans les marais, dans les montagnes, dans les cantons du Nord, revenaient et recommençaient. On ne pouvait les contenir qu’en restant au milieu d’eux. Aussi Charles fixa sa résidence sur le Rhin, à Aix-la-Chapelle, dont il aimait d’ailleurs les eaux thermales, et fortifia, bâtit dans la Saxe même le château d’Ehresbourg.

L’année suivante 775, il passa le Weser. Les Saxons Angariens se soumirent, ainsi qu’une partie des Westphaliens. L’hiver fut employé à châtier les ducs lombards qui rappelaient le fils de Didier. Au printemps, l’assemblée ou concile de Worms jura de poursuivre la guerre jusqu’à ce que les Saxons se fussent convertis. On sait que sous les Carlovingiens, les évêques dominaient dans ces assemblées. Charles pénétra jusqu’aux sources de la Lippe, et y bâtit un fort[1]. Les Saxons parurent se soumettre. Tous ceux qu’on trouva dans leurs foyers reçurent sans difficulté le baptême. Cette cérémonie, dont sans doute ils comprenaient à peine le sens, ne semble pas avoir jamais inspiré beau-

    quadam die, cum juxta morem, tempore meridiano, cuneti quiescierent, prope montem qui castris erat contiguus tanta vis aquarum in concavitate cujusdam torrentis eruperit, ut exercitui cuneto sufficeret. » — Poetæ Saxonici Annal., l. I.

  1. Lippstadt.