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CARLOVINGIENS.

à son choix Toulouse ou Saragosse, n’est autre chose, comme on sait, qu’un coup d’épée de Roland. Son cor fut pendant longtemps gardé à Blaye sur la Garonne, ce cor dans lequel il soufflait si furieusement, dit le poëte, lorsque ayant brisé sa Durandal, il appela, jusqu’à ce que les veines de son col en rompissent, l’insouciant Charlemagne et le traître Ganelon de Mayence. Le traître, dans ce poème éminemment national, est un Allemand.

L’année suivante (779) fut plus glorieuse pour le roi des Francs ; il entra chez les Saxons encore soulevés, les trouva réunis à Buckholz, et les y défit. Parvenu ainsi sur l’Elbe, limite des Saxons et des Slaves, il s’occupa d’établir l’ordre dans le pays qu’il croyait avoir conquis ; il reçut de nouveau les serments des Saxons à Ohrheim, les baptisa par milliers, et chargea l’abbé de Fulde d’établir un système régulier de conversion, de conquête religieuse. Une armée de prêtres vint après l’armée de soldats. Tout le pays, disent les chroniques, fut partagé entre les abbés et les évêques[1]. Huit grands et puissants évêchés furent successivement créés : Minden et Halberstadt, Verden, Brême, Munster, Hildesheim, Osnabruck et Paderborn

  1. Il prit pour otages quinze des plus illustres, et les remit à la garde de l’archevêque de Reims, Vulfar, auquel il accordait la plus grande confiance. Vulfar avait été précédemment revêtu des fonctions de Missus Dominicus en Champagne. Frodoard, Hist. Remens., l. II, c. xviii. « Le très-sage et très-habile Charles, dit le biographe de Louis le Débonnaire, savait s’attacher les évêques. Il établit par toute l’Aquitaine des comtes et des abbés, et beaucoup d’autres encore, qu’on nomme Vassi, de la race des Francs ; il leur confia le soin du royaume, la défense des frontières