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HISTOIRE DE FRANCE.

quand je prévois tout ce qu’ils feront de maux à mes neveux et à leurs peuples. »

Ainsi rôdent déjà autour de l’Empire les flotte danoises, grecques et sarrasines, comme le vautour plane sur le mourant qui promet un cadavre. Une fois deux cents barques armées fondent sur la Frise, se remplissent de butin, disparaissent. Cependant Charlemagne assemblait des hommes pour les repousser. Autre invasion : « L’empereur assemble des hommes en Gaule, en Germanie[1], » et bâtit dans la Frise la ville d’Esselfeld. Athlète malheureux, il porte lentement la main à ses blessures, pour parer les coups déjà reçus.

« Le roi des Northmans, Godfried, se promettait l’empire de la Germanie. La Frise et la Saxe, il les regardait comme à lui. Les Abotrites ses voisins, déjà il les avait soumis et rendus tributaires ; il se vantait même qu’il arriverait bientôt avec des troupes nombreuses jusqu’à Aix-la-Chapelle, où le roi tenait sa cour. Quelques vaines et légères que fussent ces menaces, on n’y refusait pas cependant toute croyance ; on pensait qu’il aurait hasardé quelque chose de ce genre, s’il n’avait été prévenu par une mort prématurée[2]. »

Le vieil Empire se met en garde ; des barques ar-

  1. Annal. Franc, ad ann. 810, ap. Scr. Fr. V, 59. » Nuntium accepit classem ec de Nortmannia Frisiam appulisse… Missis in omnes circumquaque regiones ad congregandum exercitum nuntiis… » — Ibid., ad ann. 809. « Cumque ad hoc per Galliam atque Germaniam homines congregasset… »
  2. Eginh in Kar. M., c. xiv. « Godefridus adeo vana spe inflatus