Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xl
HISTOIRE DE FRANCE.

J’allais m’y engager quand un hasard me fit bien réfléchir. Un jour, passant à Reims, je vis en grand détail la magnifique cathédrale, la splendide église du Sacre.

La corniche intérieure où l’on peut circuler dans l’église à 80 pieds de hauteur, la fait voir ravissante, de richesse fleurie, d’un alléluia permanent. Dans l’immensité vide on croit toujours entendre la grande clameur officielle, ce qu’on disait la voix du peuple. On croit voir aux fenêtres les oiseaux qu’on lâchait, quand le clergé, oignant le roi, faisait le pacte du trône et de l’église. Ressortant au dehors sur les voûtes dans la vue immense qui embrasse toute la Champagne, j’arrivai au dernier petit clocher, juste au-dessus du chœur. Là un spectacle étrange m’étonna fort. La ronde tour avait une guirlande de suppliciés. Tel a la corde au cou. Tel a perdu l’oreille. Les mutilés y sont plus tristes que les morts. Combien ils ont raison ! quel effrayant contraste ! Quoi ! l’église des fêtes, cette mariée, pour collier de noces, a pris ce lugubre ornement ! Ce pilori du peuple est placé au-dessus de l’autel. Mais ses pleurs n’ont-ils pu, à travers les voûtes, tomber sur la tête des rois ! Onction redoutable de la Révolution, de la colère de Dieu ! « Je ne comprendrai pas les siècles monarchiques, si d’abord, avant tout,