Page:Michelet - Histoire de France - Lacroix 1880 tome 1.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xlii
HISTOIRE DE FRANCE.

et de manuscrits, d’imprimés rares, etc., sur laquelle elle porte[1].

Voilà comment quarante ans ont passé. Je ne m’en doutais guère lorsque je commençai. Je croyais faire un abrégé de quelques volumes peut-être en quatre ans, en six ans. Mais on n’abrège que ce qui est bien connu. Et ni moi, ni personne alors ne savait cette histoire.

Après mes deux premiers volumes seulement, j’entrevis dans ses perspectives immenses cette terra incognita. Je dis : « Il faut dix ans. »… Non, mais vingt,

  1. Je ne veux pas anticiper ici. D’un mot ou deux seulement, je puis dire : C’est ce livre, « ce livre d’un poète et d’un homme d’imagination, » qui, par des pièces décisives, a dit à tous ce qui leur importait :
    Aux protestants, le fait très-capital de la Saint-Barthélemi, sue quinze jours d’avance à Bruxelles (papiers Granvelle, 10 août). Puis, tant de faits sur la Révocation, qu’ils avaient bien peu éclaircie.
    Aux royalistes, tout un monde de curieux faits anecdotiques ; exemple, la légende du Masque de fer et la sagesse de leur reine. Les lettres de Franklin (en 1863) ont donné là-dessus le secret d’après Richelieu, prouvé que seul j’avais raison.
    Aux financiers, le système de Law (inexpliqué par M. Thiers en 1826) se trouve enfin à jour et par les manuscrits et par l’histoire des Bourses de Paris et de Londres.
    Pour la Révolution, que dire ? La mienne est sortie tout entière des trois grands corps d’archives de ces temps qu’on a à Paris. Louis Blanc (malgré son mérite, son talent que j’honore) put-il la deviner ? Put-il la faire à Londres avec quelques brochures ? J’ai bien de la peine à le croire. — Lisez au reste et comparez.