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CELTES ET IBÈRE.

Ibères étaient divisés en petites tribus montagnardes, qui, dit Strabon, ne se liguent guère entre elles, par un excès de confiance dans leurs forces. Les Galls, au contraire, s’associaient volontiers en grandes hordes, campant en grands villages dans de grandes plaines tout ouvertes, se liant volontiers avec les étrangers, familiers avec les inconnus, parleurs, rieurs, orateurs ; se mêlant avec tous et en tout, dissolus par légèreté, se roulant à l’aveugle, au hasard, dans les plaisirs infâmes[1] (la brutalité de l’ivrognerie appartient plutôt aux Germains) ; toutes les qualités, tous les vices d’une sympathie rapide. Il ne fallait pas trop se fier à ces joyeux compagnons. Ils ont aimé de bonne heure à gaber, comme on disait au moyen âge. La parole n’avait pour eux rien de sérieux. Ils promettaient, puis riaient, et tout était dit. (Ridendo fidem frangere. Tit. Liv.).

Les Galls ne se contentèrent pas de refouler les Ibères jusqu’aux Pyrénées, ils franchirent ces montagnes, s’établirent aux deux angles sud-ouest et nord-ouest de la péninsule, sous leur propre nom ; au centre, se mêlant aux vaincus, ils prirent les noms de Celtibériens et de Lusitaniens.

Alors, ou peut-être antérieurement, les tribus ibé-

  1. Diodor. Sicul, l. V, ap. Scr. Fr., I, 310. — Strab., l. IV. — Athen., l. XIII, c. viii. — Nous trouvons plus tard, chez les Celtes de l’Irlande et de l’Angleterre, quelque trace des mœurs dissolues de la Gaule antique. Le docteur Leland, t. I, p. 14, dit que les Irlandais regardaient l’adultère comme une « galanterie pardonnable. » O’Halloran, I, 394. — Lanfranc, saint Anselme, et le pape Adrien, dans son fameux bref à Henri II, leur reprochent l’inceste. — Voy. Usser., Syl. epist., 70, 94, 95. — Saint Bernard, in vit. S. Malach., 1932, sqq. Girald, Cambr., 742, 743.