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HISTOIRE DE FRANCE.

Sardaigne devait être noyé. Tout réussit aux Marseillais ; ils eurent la joie de voir, sans tirer l’épée, la marine étrusque détruite en une bataille par les Syracusains, puis l’Étrurie, la Sicile, Carthage, tous les États commerçants annulés par Rome. Carthage, en tombant, laissa une place immense que Marseille eût bien enviée, mais il n’appartenait pas de reprendre un tel rôle à l’humble alliée de Rome, à une cité sans territoire, à un peuple d’un génie honnête et économe, mais plus mercantile que politique, qui, au lieu de gagner et s’adjoindre les barbares du voisinage, fut toujours en guerre avec eux. Telles furent toutefois la bonne conduite et la persévérance des Massaliotes, qu’ils étendirent leurs établissements le long de la Méditerranée, depuis les Alpes maritimes jusqu’au cap Saint-Martin, c’est-à-dire jusqu’aux premières colonies carthaginoises. Ils fondèrent Monaco, Nice, Antibes, Éaube, Saint-Gilles, Agde, Ampurias, Dénia et quelques autres villes.

Pendant que la Grèce commençait la civilisation du littoral méridional, la Gaule du Nord recevait la sienne des Celtes eux-mêmes. Une nouvelle tribu celtique, celle des Kymrys (Cimmerii ?)[1], vint s’ajouter à celle

  1. Appien (Illyr., p. 1196, et de B. civ., I, p. 623) et Diodore (lib. V, p. 309) disent que les Celtes étaient Cimmériens. — Plutarque (in Mario) fait entendre la même chose. — « Les Cimmériens, dit Éphore (apud Strab., V, p. 375), habitent des souterrains qu’ils appellent argillas. » Le mot argel veut dire souterrain, dans les poésies des Kymrys de Galles (W. Archaiol., I, p. 80, 152). — Les Cimbres juraient par un taureau. Les armes de Galles sont deux vaches. — Plusieurs critiques allemands distinguent toutefois les Cimmériens des Cimbres, et ceux-ci des Kymrys. Ils rattachent les Cimbres à la race germanique.