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CELTES ET IBÈRE.

dite, et les Gaulois les y suivent bientôt. Ils passent l’Apennin, avec leurs yeux bleus, leurs moustaches fauves, leurs colliers d’or sur leurs blanches épaules, ils viennent défiler devant les murailles cyclopéennes des Étrusques épouvantés. Ils arrivent devant Clusium et demandent des terres. On sait qu’en cette occasion les Romains intervinrent pour les Étrusques, leurs anciens ennemis, et qu’une terreur panique livra Rome aux Gaulois. Ils furent bien étonnés, dit Tite-Live, de trouver la ville déserte ; plus étonnés encore de voir aux portes des maisons les vieillards qui siégeaient majestueusement en attendant la mort ; les Gaulois se familiarisèrent peu à peu avec ces figures immobiles qui leur avait imposé d’abord ; un d’eux s’avisa, dans sa jovialité barbare, de caresser la barbe d’un de ces fiers sénateurs, qui répondit par un coup de bâton. Ce fut le signal du massacre.

La jeunesse, qui s’était enfermée dans le Capitole, résista quelque temps et finit par payer rançon. C’est du moins la tradition la plus probable. Les Romains ont préféré l’autre. Tite-Live assure que Camille vengea sa patrie par une victoire, et massacra les Gaulois sur les ruines qu’ils avaient faites. Ce qui est plus sûr, c’est qu’ils restèrent dix-sept ans dans le Latium, à Tibur même, à la porte de Rome. Tite-Live appelle Tibur arcem gallici belli. C’est dans cet intervalle qu’auraient eu lieu les duels héroïques de Valérius Corvus et de Manlius Torquatus contre des géants gaulois. Les dieux s’en mêlèrent : un corbeau sacré donna la victoire à Valérius ; Manlius arracha le collier (torquis) à l’insolent qui avait défié les Romains. Longtemps après