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HISTOIRE DE FRANCE.

la Macédoine, y firent d’épouvantables ravages, passèrent encore les Thermopyles, et vinrent échouer contre la roche sacrée de Delphes. Le dieu défendit son temple ; il suffit d’un orage et des quartiers de roches que roulèrent les assiégés pour mettre les Gaulois en déroute. Gorgés de vin et de nourriture, ils étaient déjà vaincus par leurs propres excès. Une terreur panique les saisit dans la nuit. Leur brenn, ou chef, leur recommanda, pour faciliter leur retraite, de brûler leurs chariots et d’égorger leurs dix mille blessés[1]. Puis il but d’autant et se poignarda. Mais les siens ne purent jamais se tirer de tant de montagnes et de passages difficiles au milieu d’une population acharnée.

  1. Ses derniers avis furent suivis pour ce qui regardait les blessés, car le nouveau brenn fit égorger dix mille hommes qui ne pouvaient soutenir la marche ; mais il conserva la plus grande partie des bagages. — Diod. Sic. XXII, 870. — S’il y avait des enfants qui parussent plus gras que les autres, ou nourris d’un meilleur lait, les Gaulois, dans l’invasion de la Grèce, buvaient leur sang et se rassasiaient de leur chair. Pausanias, 1. X, p. 630. — Après le combat, les Grecs donnèrent la sépulture à leurs morts ; mais les Kymro-Galls n’envoyèrent aucun héraut redemander les leurs, s’inquiétant peu qu’ils fussent enterrés ou qu’ils servissent de pâture aux bêtes fauves et aux vautours. Pausan., l. X, p. 619. — À Égée, ils jetèrent au vent les cendres des rois de Macédoine. Plut., Pyrrh., Diod. ex. Val. — Lorsque le brenn eut connu, par les rapports des transfuges, le dénombrement des troupes grecques, plein de mépris pour elles, il se porta en avant d’Héraclée et attaqua les défilés dès le lendemain, au lever du soleil, « sans avoir consulté sur le succès futur de la bataille, remarque un écrivain ancien, ancien prêtre de sa nation, ni, à défaut de ceux-ci, aucun devin grec. » Pausan., liv. X, p. 648. Am. Thierry, passim. — Le brenn dit, à Delphes : « Locupletes deos largiri hominibus oportere… eos nullis opibus egere, ut qui eas largiri hominibus soleant. » Justin, XXIV, 6