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HISTOIRE DE FRANCE.

paient les Ligures du côté de la mer. Elle attaqua les tribus dont Marseille se plaignait, puis celles dont Marseille ne se plaignait pas. Elle donna la terre aux Marseillais et garda les postes militaires, celui d’Aix, entre autres, où Sextius fonda la colonie d’Aquæ Sextiæ. De là elle regarda dans les Gaules.

Deux vastes confédérations partageaient ce pays : d’une part les Édues, peuple que nous verrons plus loin étroitement uni avec les tribus des Carnutes, des Parisii, des Senones, etc. ; d’autre part, les Arvernes et les Allobroges. Les premiers semblent être les gens de la plaine, les Kymrys, soumis à l’influence sacerdotale, le parti de la civilisation ; les autres, montagnards de l’Auvergne et des Alpes, sont les anciens Galls, autrefois resserrés dans les montagnes par l’invasion kymrique, mais redevenus prépondérants par leur barbarie même et leur attachement à la vie de clan.

Les clans d’Auvergne étaient alors réunis sous un chef ou roi nommé Bituit. Ces montagnards se croyaient invincibles. Bituit envoya aux généraux romains une solennelle ambassade pour réclamer la liberté d’un des chefs prisonniers : on y voyait sa meute royale composée d’énormes dogues tirés à grands frais de la Belgique et de la Bretagne ; l’ambassadeur, superbement vêtu, était environné d’une troupe de jeunes cavaliers éclatants d’or et de pourpre ; à son côté se tenait un barde, la rotte en main, chantant par intervalle la gloire du roi, celle de la nation arverne et les exploits de l’ambassadeur.

Les Édues virent avec plaisir l’invasion romaine. Les Marseillais s’entremirent, et leur obtinrent le titre