Page:Michelet - La femme.djvu/103

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ils ne peuvent pas arriver à cette seconde naissance, ce bonheur, cet enchantement.

On peut dire que les meilleurs hospices d’enfants trouvés sont des cimetières. Celui de Moscou, sur 37,000, en vingt ans, en sauve 1,000. Celui de Dublin 200 sur 12,000, c’est-à-dire un soixantième. Que dire de celui de Paris ? Je l’ai vu et admiré, mais les résultats n’en sont pas bien positivement connus. On y trouve réunis deux classes d’enfants très-différentes : 1o des orphelins qu’on amène tout élevés, et ceux-là ont chance de vivre ; 2o les enfants trouvés proprement dits, les nouveaux-nés apportés à la naissance ; on les envoie en nourrice, et l’on prolonge ainsi leur vie pendant quelques mois.




Ne parlons que des heureux, de ceux qui ont une mère, de ceux qu’on entoure de tendresse, de soins d’avenir. Regardons-les : tous sont jolis à quatre ans, et laids à huit. Dès que nous commençons à vouloir les cultiver, ils changent, ils se vulgarisent, se déforment. Nous en accusons la nature ; nous appelons cela l’âge ingrat. Ce qui est ingrat, stérile, desséchant, c’est la maladresse avec laquelle on fait passer l’enfant d’une vie toute mobile à une fixité barbare, passer une petite tête, toute sensible, toute