Page:Michelet - La femme.djvu/108

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née, le développement de l’esprit (d’ailleurs visible sur la face) modifiait bien plus que l’âge la physionomie du cerveau. Une petite fille de quatre ou cinq ans, de figure intelligente, l’avait plus accidenté de volutes et de replis, plus nettement dessiné, plus finement découpé que celui de plusieurs femmes vulgaires de vingt-cinq ans, trente-cinq ans. Les mystérieux dessins qu’offre le cervelet dans son épaisseur et qu’on appelle arbres de vie, étaient bien mieux arborisés dans cette enfant encore si jeune, plus jolis, plus arrêtés.

Ce n’était pas cependant une chose exceptionnelle. Sur plusieurs enfants d’âge analogue, je retrouvai à peu près le même caractère. J’en vins à cette conclusion qu’à quatre ans, non-seulement le cerveau, mais la moelle épinière, et tout le système nerveux, ont leur plus grand développement. Si longtemps avant que les muscles aient le leur, et quand l’être est si faible encore, il est, pour les nerfs de la sensibilité et du mouvement, ce qu’il sera un jour ; c’est déjà, dans sa plus charmante harmonie, la personne humaine.

Mais, quoique déjà si élevée, elle est encore excessivement dépendante et toute à notre merci. Le cerveau, pur et table rase, de cette enfant de quatre ans, comme une tablette d’ivoire, de sensibilité visible, avait l’air d’attendre qu’on gravât