Page:Michelet - La femme.djvu/110

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fortement que chez l’adulte. J’en fus effrayé. L’amour, endormi encore dans les organes sexuels, semble déjà tout éveillé aux points de la moelle épinière qui agissent sur le sexe. Nul doute qu’aux moindres appels, ils n’en donnent les pressentiments. Il ne faut donc pas s’étonner de ces coquetteries innocentes, de ces timidités subites, de ces furtifs mouvements de pudeur sans sujet.

Voilà le nœud de la pitié et ce qui doit faire trembler. Cet être infiniment mobile, n’oubliez pas qu’en même temps il est infiniment sensible. Grâce ! patience ! je vous prie.

Nous les brisons par la rudesse, souvent par la tendresse aussi. Les mères, passionnées, variables, mûrissent, énervent l’enfant par la fougue de leurs transports. Je leur voudrais l’impression douloureuse et salutaire que donne la vue d’un organisme si tendre. Il a besoin d’être entouré d’un amour calme et doux, sérieux, d’un monde d’harmonie pure. La petite créature, d’elle-même déjà toute amoureuse, a à craindre les vives caresses presque autant que les rigueurs. Épargnez-la, et qu’elle vive !