Page:Michelet - La femme.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

porta pas mieux. Les tendres inquiétudes de sa jeune nourrice ne le laissèrent pas reposer ; elle remuait au moins la superficie du sol ; d’un arrosoir infatigable elle sollicitait la paresse du nonchalant végétal. La terre buvait à merveille, semblait toujours avoir soif. Si bien soigné, abreuvé, le haricot succomba.

C’est une œuvre de vertu, de patience, que de jardiner. Cela prépare très-bien le caractère de l’enfant. Mais à quel âge peut-on commencer réellement ? Les petits Allemands de Frœbel doivent commencer à quatre ans, les nôtres un peu plus tard sans doute. Je crois que nos petites filles peuvent (bien plus que les garçons), par bon cœur et par tendresse pour la plante favorite, prendre sur elles d’attendre, de la ménager, de l’épargner. Dès qu’un essai a réussi, dès qu’elles ont vu, admiré, touché, baisé le petit être, tout est fait. Elles désirent tant renouveler le miracle, qu’elles deviennent patientes.

La vraie vie de l’enfant est celle des champs. Même à la ville, il faut, tant qu’on peut, l’associer au monde végétal.

Et, pour cela, un grand jardin, un parc, n’est pas nécessaire. Celle qui a peu, aime plus. Elle n’a sur son balcon, sur un prolongement de toit, qu’une giroflée de muraille. Eh bien, elle pro-