Page:Michelet - La femme.djvu/152

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n’oublie pas à quel prix. Sois modeste, souviens-toi des conditions humbles, sévères, auxquelles la nature vend la vie. Mourir un peu chaque jour, avant de mourir tout à fait ; et chaque jour, à cette table riante et parée, renaître, hélas ! par la mort d’innocentes créatures.




Que du moins ils soient heureux, ces animaux, tant qu’ils vivent. Enseignons bien à l’enfant leur droit d’exister, le regret et la pitié qu’on leur doit, même lorsque le besoin de notre organisation nous force de les détruire. Il faut lui apprendre avec soin les utilités qu’ils ont, ou eurent tous, même ceux qui aujourd’hui peuvent nous nuire. L’enfant est très-poétique, mais peu poëte. Cependant, elle sentira, ma petite, par l’instinct de son cœur charmant, ce qui toucherait moins son esprit. La maternité héroïque de l’oiseau, construisant son nid avec tant de peine, subissant pour ses enfants tant d’épreuves si pénibles, la frappera à coup sûr. Et ce n’est pas sans respect, une sorte de religion, qu’elle verra chez la fourmi, chez l’abeille, un génie bien autrement artiste encore, que la maternité inspire. L’immense travail de la fourmi, remontant, descendant ses œufs,