Page:Michelet - La femme.djvu/189

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même. Là, plus haut que le raisonnement, elle a aperçu la Raison. Au-dessus des sphères de vie qu’elle a traversées, elle a vu la sphère de cristal, où l’Idée, en pleine lumière, est pénétrée de part en part. Et cela, si beau, si pur, qu’elle en a aimé, adoré la Pureté pour elle-même.

Voilà l’amour qui chez elle a transfiguré l’amour, et comment j’ai gardé son cœur.




Cela servira-t-il toujours ? je ne dois pas m’en flatter. Chère enfant ! ce n’est pas sa faute. C’est celle de la nature, qui chaque jour l’enrichit de forces, l’embellit d’un luxe de sève, et fait d’elle un enchantement. Vierge, pure et haute de cœur, de digne et sage volonté, par cette pureté même il semble qu’elle donne une prise plus forte à ces puissances impérieuses. L’œil et la pensée sont au ciel, son cœur est aux grandes choses, et son esprit vertueux, qui sait se dompter lui-même, ne fuit point l’abstraction. Mais voilà que bien souvent, au sein de ces nobles études, quelqu’un (et qui donc ?) l’agite ; sa joue tout à coup se colore, ses beaux yeux errent et se troublent, un flot de vie a monté, et comblé son jeune sein.

Elle est femme… Que faire à cela ? Elle rayonne