Page:Michelet - La femme.djvu/201

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quand, tout entière à la famille, et toute craintive du monde, elle se tourne uniquement vers son père et semble lui dire :

« Je t’écoute… Je n’ai foi qu’en toi !…»




C’est sans nul doute le moment sublime de la paternité, le plus haut et le plus doux. Enfant par la docilité, elle est femme par la chaleur et par la tendresse avide dont elle reçoit toute chose. Comme elle comprend vivement tout ce qui est noble et bon ! Lui-même la reconnaît à peine : « Quoi ! dit-il, c’est là ma petite qui n’allait pas à mon genou, et qui me disait : Porte-moi ! »

Voilà un cœur bien attendri… Qu’il parle, qu’il parle en ce moment… Oh ! il sera éloquent ! Je suis bien tranquille là-dessus et n’ai pas le moindre doute.

Profitons de ces belles heures, et de ces tête-à-tête uniques. Je les vois qui se promènent entre deux charmilles sombres qui ferment le petit jardin. Ils marchent d’un pas vif et ferme, plus vite qu’on ne l’attendrait de cette chaude saison de juillet ; mais ils suivent le mouvement de leurs cœurs, et de leur pensée. Elle qui sait le goût de son père, elle a mis dans ses cheveux noirs quelques épis,