Page:Michelet - La femme.djvu/217

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une goutte, tout refleurit. Plus de vieillesse, une jeune et puissante énergie, c’est la fontaine de Jouvence. Dans l’Amérique du Sud et ailleurs, je vois plus d’une noble race qui languit, faiblit, s’éteint ; comment cela se fait-il, quand ils ont la vie à côté ? Les républicains espagnols, vrais nobles et parfaits gentilshommes, avaient été de meilleurs maîtres que tous les autres colons ; des premiers, ils ont généreusement aboli l’esclavage. Eh bien, en retour, cette bonne Afrique peut leur rendre la séve et la vie. En présence du torrent trouble des nations confondues qui se précipite sous le faux drapeau des États-Unis, il faut créer pour barrière un puissant monde mulâtre. Ce Nord, répudié du Nord même, émigrant, marchand, pirate, ne vous apporterait rien que violence et stérilité.

Nous aimions les États-Unis ; ce serait avec douleur que nous les verrions avorter. Peu importent leurs conquêtes, si les mélanges étrangers, l’esclavage, l’alcool, l’argent, anéantissent ce qui fut leur vie, leur âme. Ce n’est pas l’argent, c’est l’amour qui fait et refait le monde, qui doue l’homme et qui l’ingénie.

Voyez-vous la race Africaine, si gaie, si bonne et si aimante ? Du jour de sa résurrection, à ce premier contact d’amour qu’elle eut avec la race blanche, elle fournit à celle-ci un accord extraordinaire