Page:Michelet - La femme.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus clair, j’ai vu plus joli encore. L’hiver dernier, visitant un Haïtien éminent, qui a marqué dans les lettres autant que dans les affaires, je fus reçu en son absence par une demoiselle aussi modeste que charmante, dont la rare beauté m’interdit. Une imperceptible nuance d’un délicieux lilas mettait dans ses roses un mystère, une magie, qu’on ne peut dire. Dans un moment, elle rougit, et la flamme de ses yeux aurait ébloui les deux mondes.




Mille vœux pour la France noire ! j’appelle ainsi Haïti, puisque ce bon peuple aime tant celui qui fit souffrir ses pères. Reçois tous mes vœux, jeune État ! Et puissions-nous te protéger, en expiation du passé ! Puisses-tu développer ton libre génie, celui de cette grande race, si cruellement calomniée, et dont tu es l’unique représentant civilisé sur la terre ! — Tu n’es pas à moindre titre celui du génie de la femme. C’est par tes charmantes femmes, si bonnes et si intelligentes, que tu dois te cultiver, organiser tes écoles. Elles sont de si tendres mères qu’elles deviendront, j’en suis sûr, d’admirables éducatrices. Une forte école normale pour former des institutrices et des maîtresses d’école (par les