Page:Michelet - La femme.djvu/258

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les grandes choses, est bien autrement soutenue quand ce Robinson de Paris peut dire, dans un double alibi de toute vie basse et vulgaire : « J’ai ma maîtresse et ma pensée. »




« Mariage, c’est confession. » J’ai dit et répété ce mot ; il est très-vrai, très-fécond.

Oh ! quelle chose délicieuse, émouvante et sauvegardante, d’avoir pour confesseur une fille de dix-huit ans, à qui on est libre de dire, mais qui, elle, est libre aussi de ne pas comprendre encore tout à fait, et ne pas trop diriger. La mère s’attendrit parfois, et dit : « N’est-il pas malade ?… Je le croirais, il est triste… Ajoute une ligne pour lui. »

Il est bien permis du moins au jeune homme de conter à la demoiselle les aventures de son esprit, les hauts, les bas, les espoirs, les joies, les tristesses : « Hier, j’ai appris cela… Cela m’ouvre un monde… Il me semble que, dans cette voie, moi aussi je trouverai… Aidez-moi, encouragez-moi ! Je serai un homme, peut-être. »

Savez-vous ce que je pense ? Ce jeune homme est un habile et un profond séducteur. C’est une très-vive jouissance pour un cœur de femme de créer un homme, de s’apercevoir, jour par jour, des progrès