Page:Michelet - La femme.djvu/266

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souvent ici. Sa censure badine est légère ; une si douce petite guerre ne serait pas même sentie de nos jeunes gens à la mode. Mais celui-ci, moins blasé, s’émeut, frémit aux moindres choses. D’elle, il ne supporte rien. Il se trouble, répond de travers. Il souffre. Et, au même instant, voilà qu’elle souffre aussi. — Être sensible à ce point l’un pour l’autre, n’est-ce pas de l’amour ?




L’amour, qu’est-ce ? et comment vient-il ?

Comme on a écrit là-dessus ! et combien inutilement ! Ni le récit, ni l’analyse, n’y sert, ni la comparaison. L’amour est l’amour, une chose qui ne ressemble à aucune.

Une comparaison ingénieuse est celle que fait M. de Stendhal, celle du rameau qu’on jette aux sources salées de Saltzbourg. Deux mois après, on le retire changé, embelli d’une riche et fantastique cristallisation, girandoles, diamants, fleurs de givre. Tel est l’amour jeté aux sources profondes de l’imagination.

La comparaison allait à son joli livre, ironique et sensuel, sur l’Amour. Le fond pour lui est fort sec ; c’est une pauvre branche de bois, un bâton ; voilà