Page:Michelet - La femme.djvu/269

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main, c’est encore un joli bouquet à offrir à celle qu’on aime. On n’a pas toujours ces hasards. Mais ils viennent à ceux qui sont dignes. Un homme tombé à la rivière, un incendie, un naufrage, cent choses en donnent l’occasion.

De tels actes emportent l’amour. Là, la femme est faible et très-tendre. Je confie cette recette à ceux qui ne sont pas aimés. Le seul moyen, c’est d’être beau. Du jour où luit cet éclair, elle reconnaît son maître, et elle se trouve sans force… À lui de n’en pas abuser.




Comment cela s’est-il fait ? je ne sais. Point de noce encore, mais il y a mariage.

Le père et la mère, amoureux de lui presque autant, l’ayant en si haute estime, respectent leurs tête-à-tête. Ils se fient… Ils ont raison.

Quelle sage conversation, quoique si tendre, si émue ! Elle cause insatiablement de ménage et d’arrangement, des soins de la maison future ; lui d’amour, des futurs enfants. Elle écoute, les yeux baissés, mais résignée, docilement. Elle n’a garde de l’arrêter et n’objecte pas un mot. Faut-il le dire ? elle est si douce, elle paraît si soumise, que lui, il se trouble, est tenté de savoir au vrai ce qu’il peut.