Page:Michelet - La femme.djvu/284

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nos dépens, mais en même temps la plus nerveuse de toute la terre, si prenable d’imagination ! Elle devrait ne pas craindre celui dont elle est maîtresse absolue. Et pourtant elle frémit. Cela va à ce point que, n’y eût-il presque aucune difficulté, il y en aurait encore par la constriction de l’esprit. Les hommes, si égoïstes et ne pensant qu’à eux, se sont plaints très-souvent de la sorcellerie, qui, disent-ils, paralysait tout. Mais les frayeurs de femme, plus vraies, vous ne les comptez pas ? Il faudrait remettre l’esprit, c’est le grand point. Il faudrait être patient, magnanime, et vouloir… non pas contre soi-même, mais pour deux… vouloir qu’elle aussi elle fût heureuse ; la consulter, lui obéir, et désirer ce doux triomphe : que la douleur ne déplût pas.

Heureux qui sait préparer son bonheur ! qui le veut libre et désiré, se fie à la tendresse, à la bonne nature ! Adorateur sincère, de dévotion vraie, il honore les abords du temple, il en couve l’accès d’une tendre et patiente insistance. D’elles-mêmes, pour lui, elles vibreront, les portes saintes. Du dieu qu’on croit si loin, la vive étincelle est au seuil.