Page:Michelet - La femme.djvu/30

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un sou de fromage. — Vous niez ?… Cela est certain : je le prouverai tout à l’heure. Sa journée est de dix sous, et elle ne peut être de onze, pour une raison que je dirai.

Pourquoi en est-il ainsi ? L’homme ne veut plus se marier, il ne veut plus protéger la femme. Il vit gloutonnement seul.

Est-ce à dire qu’il mène une vie abstinente ? Il ne se prive de rien. Ivre le dimanche soir, il trouvera, sans chercher, une ombre affamée, et outragera cette morte.

On rougit d’être homme.




« Je gagne trop peu, » dit-il. Quatre ou cinq fois plus que la femme, dans les métiers les plus nombreux. Lui quarante ou cinquante sous, et elle dix, comme on va le voir.

La pauvreté de l’ouvrier serait pour l’ouvrière richesse, abondance et luxe.

Le premier se plaint bien plus. Et, dès qu’il manque en effet, il manque de bien plus de choses. On peut dire d’eux ce qu’on a dit de l’Anglais et de l’Irlandais : « L’Irlandais a faim de pommes de terre. L’Anglais a faim de viande, de sucre, de thé, de bière, de spiritueux, etc., etc. »