Page:Michelet - La femme.djvu/301

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Tout dépend des commencements. Et il faut avouer qu’en général la faute n’est pas aux femmes. Les demoiselles vraiment neuves, que la confession, le roman et le monde n’ont pas trop mûries, avancées, apportent au mariage un luxe admirable de cœur, de docilité instinctive, de bonne volonté. Elles ont une attente immense de la vie où elles entrent. Celle qui, près de ses parents, a bien étudié, travaillé, et semble savoir tout, elle veut tout apprendre par son mari. Et elle a bien raison. Tout va lui revenir dans un degré nouveau de vie et de chaleur. Elle avait reçu tout cela passivement, comme chose inerte et froide, et elle va le saisir active dans l’électricité brûlante, par cette aimantation unique où se mêlent le corps et le cœur.

Et notez que le père ne pouvait pas mieux faire. S’il eût donné une empreinte plus forte, il eût manqué son but. La destinée inconnue, imprévue, de la fille, c’était justement ce futur mari. Il ne fallait donc pas que son éducation fût trop définitive, mais un peu élastique. Donc la famille est hésitante. La mère, souvent, d’ailleurs, traîne encore quelque peu dans les vieilles idées surannées qui ne seront plus celles d’aucun jeune homme. Le père, plus arrêté sans doute, n’a pu fixer sa fille sur bien des choses difficiles et scabreuses où le cœur, les sens, sont en jeu. Que de points de mo-