Page:Michelet - La femme.djvu/321

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tique du voyageur mourant de soif, qui parvient enfin à franchir les sables, qui touche l’oasis désirée, et l’Égypte, enfin, cette grande oasis pour les pays africains.

Le premier mot de l’Égypte c’est Isis, et Isis, c’est le dernier. La femme règne. Un mot remarquable est resté par Diodore : Qu’en Égypte, les maris juraient obéissance à leurs femmes. Expression exagérée d’une chose réelle, la prédominance féminine.

Le haut génie de l’Afrique, la reine de l’ancienne Égypte, Isis, trône éternellement parée des attributs de la fécondation. Elle porte le lotus à son sceptre, le calice de la fleur d’amour. Elle porte royalement sur la tête, en guise de diadème, l’avide oiseau, le vautour, qui ne dit jamais : Assez. Et, pour montrer que cette avidité ne sera pas vaine, dans cette coiffure étrange, l’insigne de la vache féconde se dresse par-dessus le vautour, et dit la maternité. La fécondité bienfaisante, l’infinie bonté maternelle, voilà ce qui glorifie, purifie ces ardeurs d’Afrique. Tout à l’heure, la mort et le deuil, et l’éternité du regret, vont trop bien les sanctifier.

Les religions sont-elles sorties uniquement de la nature, du climat, du génie fatal de la race et de la contrée ? oh ! bien plus, des besoins du cœur.