Page:Michelet - La femme.djvu/323

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elle, et de tendresse physique, et d’amour et de douleur ?… Abîmes de la nature !…




Dans la mère universelle, la Nuit, furent conçus, avant tous les temps, une fille, un fils, Isis-Osiris ; mais qui déjà s’aimaient tant dans le sein maternel, et qui étaient tellement uns, qu’Isis en devint féconde. Même avant d’être, elle était mère. Elle eut un fils qu’on nomme Horus, mais qui n’est autre que son père, un autre Osiris de bonté, de beauté, de lumière. Donc, ils naquirent trois (merveille !) : mère, père et fils, de même âge, de même amour, de même cœur.

Quelle joie ! les voilà sur l’autel, la femme, l’homme et l’enfant. — Notez que ce sont des personnes, des êtres vivants, ceux-ci. Non la trinité fantastique où l’Inde fait l’hymen discordant de trois anciennes religions. Non la trinité scolastique où Byzance a subtilement raisonné sa métaphysique. Ici, c’est la vie, rien de plus ; du jet brûlant de la nature sort la triple unité humaine.

Oh ! que les dieux jusque-là étaient sauvages et terribles ! Le Siva indien ferme l’œil, car le monde périrait sous son dévorant regard. Le dieu des purs, le Feu des Perses, a faim de tout ce qui