Page:Michelet - La femme.djvu/326

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Osiris, la vie, la bonté, meurt, et d’un trépas barbare ; ses membres sont dispersés. L’épouse éplorée retrouve ses débris ; un seul lui manque qu’elle cherche en s’arrachant les cheveux. « Hélas ! celui-ci, c’est la vie, l’énergie de vie !… Puissance sacrée d’amour, si vous manquez, qu’est-ce du monde ?… Où vous retrouver maintenant ? » Elle implore le Nil et l’Égypte. L’Égypte n’a garde de rendre ce qui sera pour elle le gage d’une fécondité éternelle.

Mais une si grande douleur méritait bien un miracle. Dans ce violent combat de la tendresse et de la mort, Osiris, tout démembré qu’il est, et si cruellement mutilé, d’une volonté puissante, ressuscite, revient à elle. Et, si grand est l’amour du mort, que, par la force du cœur, il retrouve un dernier désir. Il n’est revenu du tombeau que pour la rendre mère encore. Oh ! combien avidement elle reçoit cet embrassement ! Mais ce n’est plus qu’un adieu. Et le sein ardent d’Isis ne réchauffera pas ce germe glacé. N’importe. Le fruit qui en naît, triste et pâle, n’en dit pas moins la suprême victoire de l’amour, qui fut fécond avant la vie, et l’est encore après la vie.




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