Page:Michelet - La femme.djvu/339

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la plus unie, ou un autre amour. Il dit : « Tout ou rien. »

Qu’on me permette un paradoxe. Je soutiens qu’en dépit de la gaieté insouciante que l’on simule en ces choses, notre temps est celui où l’amour est le plus exigeant et le plus insatiable. S’il s’en tient à un objet, il aspire à le pénétrer à une profondeur infinie. Prodigieusement cultivés, pourvus de tant d’idées nouvelles, d’arts nouveaux, qui sont des sens pour goûter la passion, si peu que nous l’ayons en nous, nous la sentons par mille points insensibles à nos aïeux.

Mais il arrive trop souvent que l’objet aimé échappe, — soit par défaut de consistance, fluidité féminine, — soit par transformation brillante et progrès de distinction, — soit enfin par des amitiés, des relations secondaires qui partagent son cœur et le ferment.

L’homme en est humilié, découragé. Très-souvent il en reçoit dans son art et dans son activité le fâcheux contre-coup. Il s’en estime moins lui-même. Alors, plus souvent qu’on ne croit, un amour-propre passionné, anime et double l’amour. Il voudrait reconquérir, posséder cette chère personne, qui parfois, sans ironie, mais dans une grande froideur, dit en souriant : « Fais ce que tu peux. »

« Ter totum fervidus irâ, lustrât Aventini mon-